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 Interview de Laurent Fisher sur la Wii

Le directeur marketing européen Laurent Fisher a accordé une interview à Martin Mate, journaliste du site américain GamesIndustry. Il nous explique ainsi pourquoi des problèmes d'approvisionnement se font encore sentir dans nos contrées, presque quatre mois après le lancement de la console de Nintendo :

GamesIndustry (GI) : La Wii a eu un début incroyable et continue à se vendre comme des petits pains. Comment avez-vous l'intention de maintenir l'élan pour 2007 et dans 2008 ?


Laurent Fischer (LF): Comme vous dites, le début était extrêmement fort à travers les marchés japonais, nord-américains et européens. Mais nous luttons toujours pour fournir les quantités suffisantes pour faire face à la demande. Normalement, avec le lancement d'une console vous avez une demande énorme avec les fans qui achètent la consoles dès sa sortie. Aujourd'hui, nous avons des difficultés pour faire face à une demande qui est encore plus forte qu’au lancement de la Wii. Elle est bien plus supérieure qu’on ne l'avait prévue. La demande, sur une base hebdomadaire, augmente sans cesse. Si je devais dire comment nous allons gérer cela en 2007, fondamentalement ce que nous devons faire est de fournir plus de Wii au marché.


GI : Qu'exactement faites-vous pour fournir assez de Wii aux magasins ?


LF : Nous avons promis la livraison de six millions d'unités de hardware vers la fin de mars et c’est en bonne voie. Mais il est étonnant de penser qu'avec six millions nous ne pouvons pas satisfaire la demande initiale. La demande augmente de semaine en semaine ! Nous projetons d’augmenter la capacité de production mais ce n'est pas quelque chose qui peut être fait en quelques jours. Nous devons être patients. C’était pareil pour le DS - ce que nous pouvons livrer aux magasins se vend aussitôt. Nous fournissons de nouvelles unités chaque semaine et chacun chez Nintendo travaille vraiment dur pour s'assurer que cette situation nuit le moins possible au consommateur.


GI : Cela peut sembler une question évidente, mais si vous aviez fabriqué plus d'unités vous auriez dépassé la cible de six millions de ventes mondiales à la fin de l’année fiscale  ?


LF : Certainement. Nous savons que sur le marché Japonais, américain et Européen il est très difficile de trouver une Wii. Vous devez souvent pré-commander et attendre la prochaine livraison. Mais nous sommes confiants sur notre stratégie, nous l'avons vue avec le DS, c'est ce qui se produit quand vous voulez atteindre de nouveaux joueurs. Mais quand vous ouvrez cette «nouvelle porte» il est difficile de mesurer la réaction que vous obtiendrez.


GI : Que diriez-vous de la ludothèque actuel pour le Wii ?


LF : Nous avons le nouveau Metroid Prime et aussi Super Mario Galaxy qui sortiront cette année. Comme vous avez pu le constater pendant la GDC les éditeurs-tiers ont beaucoup de projets pour Wii et DS. Le point-clé est que tous ces réalisateurs ont maintenant les kits de développement Wii entre leurs mains, ils vont vraiment pouvoir ce concentrer sur le Hardware Wii pour en tirer le meilleur. Ce seront des jeux développés spécifiquement pour Wii. Nous proposons une nouvelle manière de jouer sur DS et sur Wii, et on voit que tous ces éditeurs tiers ont parfaitement compris le but de notre stratégie. L'année prochaine, en 2008, toutes ces choses vont aboutir et devenir un ensemble. Nous aurons un programme fort de développement avec beaucoup de nouveaux jeux dont la création de titres originaux aussi bien de chez Nintendo que des éditeurs tiers.


GI : Il y a eu des critiques concernant le manque de titres Nintendo sur Wii après son lancement. Quelle est votre réponse à cela ?


LF : Je rappellerais juste que la console a été lancée seulement depuis décembre. Nous avons déjà sorti beaucoup de jeux et puis nous avons une quantité importante de titres prévue dans les mois qui viennent sans oublier les jeux sur la console virtuelle. A la fin de l’année il y aura le nouveau Mario et Metroid. Je dirais que ces titres - et cela a toujours été la politique de Nintendo - seront sur les étagères quand Nintendo décide qu’ils sont prêts. Si l'équipe de développement dit avoir besoin de plus de temps pour fournir un jeu, nous le respectons.

C'était quelque chose que Shigeru Miyamoto a évoqué lors de sa présentation au GDC le mois dernier. Si un jeu a besoin d’être peaufiné, on le peaufine. Chez Nintendo, je suis directeur du marketing, mais je suis fier de dire que le département de vente a le dernier mot. Quand le produit est terminé il est exactement comme le créateur l’a prévu. C'est la manière dont le studio de développement l'a rêvé dès le début de la création d’un jeu. Quelques compagnies lancent intentionnellement des jeux à Noël ou pendant des périodes financières spécifiques de l'année. Nintendo n'a rien à faire avec cela, et ça n’a jamais été le cas.


GI : Le PS3 est maintenant disponible en Europe, êtes-vous concerné par cette concurrence ?


LF : Puisque nous sommes déjà devant la même concurrence sur le marché Japonais et américain, je pense vraiment que la meilleure chose que nous avons apprise de ces deux marchés est que la concurrence (de la PS3) ne nuit pas à ce que Nintendo fait avec la Wii. Nous avons toujours dit que nous n'avons pas besoin de faire un pas dans cette bataille de la deuxième génération. Nous visons une nouvelle génération. Quels que soient les choix de Sony et/ou Microsoft, cela ne change pas la manière dont Nintendo fonctionne et la manière dont nous vendons le produit. Le point clé est que tant que vous pouvez livrer des idées originales de divertissement, le consommateur restera fidèle.

Le succès de la PlayStation 3 en Europe ne change pas le fonctionnement de Nintendo sur le marché. Vous avez vu les chiffres de ventes au Japon et aux USA ? - nous ne sommes pas sur les étagères (ruptures de stocks) et nous avons toujours les chiffres de ventes les plus élevés. Nous sommes très satisfaits que la PlayStation 3 soit disponible en Europe, mais dès le début nous avons dit que nous avons voulu essayer une stratégie différente et maintenant nous pouvons voir que cette stratégie est la bonne. Nous avons toujours beaucoup de travail à faire - pour convaincre les consommateurs. Cela nous a pris du temps d'expliquer ce qu’était la DS et on a dû attendre l’arrivée de bons jeux, il faut donc être patient. Maintenant, nous sommes dans la même position avec la Wii, nous avons eu un bon début mais il y a encore beaucoup de travail à faire.


GI : Avec Sony annonçant la communauté en ligne «HOME» pour la PS3 pendant le GDC, pourquoi Nintendo n'a-t-il pas employé le discours principal de Shigeru Miyamoto pour dévoiler le système online Wii ou de DS ?


LF : Le lancement du Wii a été très réussi et nous en sommes conscients. En ce moment, nous avons plusieurs priorités - fournir des kits de développements et soutenir les éditeurs tiers dans la réalisation de leurs projets. Pendant la GDC nous avons eu l'occasion de parler en détail au sujet de la manière de travailler de Nintendo, de la philosophie de Nintendo - l'approche personnelle de Miyamoto. Nous n'avons pas voulu parler des nouvelles fraîches, plutôt notre vision à long terme de la stratégie chez Nintendo.


Traduction : p-nintendo.com par Gamesindustry.biz.
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 Citation

"Je pense que les jeux sont le futur de l'éducation"
Edward O.Wilson, professeur à Harvard
Playset : Grand Chelem Tennis
Playset : Let's Tap

 Edito par Arthur

Shigeru Miyamoto, illustre créateur de nombreux personnages Nintendo, semble à la traîne au niveau technologie. Non pas que l'un des maîtres du jeu vidéo ne sache pas télécharger, mais c'est loin d'être sa préférence. Il n'est pas ici question de téléchargement illégal, mais simplement du commerce culturel dématérialisé. Le WiiWare en est d'ailleurs un parfait exemple.
"Le divertissement ne doit pas devenir quelque chose d’uniquement numérique". C'est ce qu'a affirmé Miyamoto dans une interview au journal californien Mercury News. Jolie phrase, dans une société où tout s'explique par binaire. Mais est-ce pour autant une mauvaise nouvelle ? Difficile d'y croire, lorsque l'économie numérique représente le premier débouché de la crise pour de nombreux spécialistes, et un véritable vivier d'emplois pour le futur.
Le papa de Mario ajoute : "Personnellement, je suis l’un de ceux qui, même si j’ai téléchargé toutes les chansons d’un album sur iTunes, j’achèterais quand même le CD. Je me sens plus rassuré avec un média physique". Il est vrai que la musique est dématérialisée depuis des années, avec le développement de plateformes comme iTunes ou Deezer. Alors qu'en est-il du jeu vidéo ? La question du numérique demeure très récente, depuis l'apparition de services online pour chaque console.
"Si je regarde le WiiMotion Plus, c'est quelque chose que vous ne pourriez pas distribuer de manière numérique. En fait, nous ne voyons vraiment pas le futur du jeu vidéo confiné dans la distribution digitale. Nous ne voyons pas la majorité de nos produits distribués de cette façon". Bref, Miyamoto promet que les joueurs devront se déplacer et acheter la boîte de leur jeu. Les magasins Micromania ont encore de beaux jours devant eux.

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